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Comment calculer un loyer au m2 pour fixer un prix juste et rentable

Pourquoi le loyer au m² est votre meilleur allié (et pas seulement un chiffre de plus)

Fixer un loyer, ce n’est pas jeter un chiffre au hasard en se disant « on verra bien si ça passe ». Un loyer trop bas, et votre investissement perd en rentabilité. Trop haut, et le logement reste vide… ou attire des locataires qui partent rapidement. Le loyer au m² est l’outil qui permet de remettre un peu de logique dans tout ça.

En réalité, le loyer au m² est un langage commun entre propriétaires, locataires, agences, banques et même administrations. Bien calculé, il vous aide à :

  • Vous positionner par rapport au marché local
  • Vérifier la rentabilité de votre bien
  • Respecter les plafonds de loyers (zones tendues, dispositifs fiscaux)
  • Argumenter face à un candidat locataire ou un banquier

Voyons maintenant comment passer du simple prix global au m² réellement pertinent… sans perdre de vue la réalité du terrain.

Étape 1 : partir de la bonne surface (et éviter l’erreur classique)

Avant de parler de loyer au m², il faut être clair sur la surface. Toutes les surfaces ne se valent pas, et c’est là que beaucoup de propriétaires se trompent.

En location, on utilise principalement la surface habitable, définie par la loi Boutin. Elle exclut notamment :

  • Les surfaces dont la hauteur sous plafond est inférieure à 1,80 m
  • Les caves, garages, remises, combles non aménagés
  • Les balcons et terrasses
  • Les vérandas non chauffées comme le reste du logement

Autrement dit, la belle terrasse plein sud qui a coûté une petite fortune ne rentre pas dans la surface habitable… mais elle compte évidemment dans la valeur perçue du bien, donc dans le loyer final. On y revient un peu plus loin.

Exemple concret : vous possédez un T2 avec :

  • 37 m² de surface habitable
  • 6 m² de balcon
  • Une cave de 4 m²

Pour le calcul du loyer au m², on retiendra 37 m². Le balcon et la cave serviront plutôt de leviers pour ajuster le prix au-dessus de la moyenne du quartier, s’ils représentent un vrai avantage concurrentiel.

Astuce d’agent terrain : si vous avez un doute sur la surface exacte, faites-la vérifier ou mesurer par un professionnel. Une erreur de quelques mètres carrés peut vous faire surévaluer ou sous-évaluer sérieusement le loyer… et créer un litige en cas de contestation.

Étape 2 : connaître le loyer moyen au m²… dans votre rue, pas dans toute la ville

Parler de « prix moyen au m² à Limoges » ou « à Paris » a peu de sens. À l’intérieur d’une même ville, vous pouvez avoir des écarts de 30 à 50 % selon le quartier, la rue, l’état des immeubles, la proximité des transports ou des écoles.

Votre objectif est donc de trouver le loyer moyen au m² pour un bien comparable au vôtre, dans votre secteur immédiat.

Pour ça, plusieurs sources sont utiles :

  • Les annonces en ligne : filtrez par quartier, type de bien (studio, T2, maison…), surface proche de la vôtre. Ne regardez que les logements en bon état si le vôtre l’est aussi.
  • Les observatoires locaux des loyers (dans les grandes agglomérations) : ils donnent des moyennes par type de logement et par zone.
  • Les agences immobilières du quartier : elles savent à quel prix un bien se loue vraiment, pas seulement à quel prix il est affiché.

Attention à ne pas comparer des choux et des carottes. Un T2 de 35 m² au 5ᵉ sans ascenseur, côté voie rapide, ne vaut pas le même loyer au m² qu’un T2 de 40 m² rénové, au 2ᵉ avec ascenseur, sur une petite place tranquille.

Exemple : en observant les annonces d’un même quartier, vous constatez :

  • T2 entre 30 et 40 m², loyers entre 430 € et 520 €
  • Surfaces indiquées : 32 à 39 m²

Vous calculez le loyer au m² moyen de 4 ou 5 biens réellement comparables : 430 € / 32 m² ≈ 13,44 €/m² 495 € / 37 m² ≈ 13,38 €/m² 520 € / 39 m² ≈ 13,33 €/m²

Vous obtenez une fourchette autour de 13,3 – 13,5 €/m². Voilà votre base de travail.

Étape 3 : ajuster selon les caractéristiques du bien (là où tout se joue)

Maintenant que vous avez un loyer moyen au m², il faut le personnaliser à votre bien. C’est ici que l’expérience de terrain fait la différence : deux biens de même surface, dans la même rue, peuvent justifier 10 à 20 % d’écart de loyer.

Les principaux critères d’ajustement sont :

  • État général et niveau de prestations : un appartement refait à neuf, avec cuisine équipée, double vitrage récent, rangements, mérite d’être positionné au-dessus de la moyenne.
  • Étage et présence d’ascenseur : un 4ᵉ sans ascenseur aura généralement un loyer au m² inférieur à un 2ᵉ avec ascenseur, à caractéristiques équivalentes.
  • Exposition et luminosité : un rez-de-chaussée sombre sur cour étroite se louera moins cher au m² qu’un étage élevé, traversant et lumineux.
  • Extérieur et annexes : balcon, terrasse, cave, parking ou garage sont très recherchés dans certaines zones et permettent souvent de monter légèrement le loyer global (même si ce n’est pas intégré à la surface habitable).
  • Performance énergétique (DPE) : un logement bien classé (A, B, C) aura un avantage certain face à un F ou G, surtout depuis les restrictions progressives sur les logements énergivores.
  • Environnement immédiat : proximité des transports, des universités, des écoles, des commerces, calme du quartier… Tous ces éléments influent directement sur le loyer acceptable.

Anecdote de terrain : j’ai vu deux studios de 22 m², dans le même immeuble, même étage. L’un donnait sur une cour intérieure sombre, l’autre sur un parc arboré, avec une grande baie vitrée. Résultat : 40 € de différence de loyer chaque mois… pour la même surface et le même code postal. La perception du locataire, ça se chiffre.

Étape 4 : calculer votre loyer au m²… puis votre loyer global

Reprenons un exemple complet pour voir comment passer des données brutes au chiffre final.

Vous possédez un T2 de 37 m², au 2ᵉ étage avec ascenseur, balcon, entièrement rénové, proche d’une ligne de tram. En analysant le marché local, vous avez retenu un loyer moyen de 13,5 €/m² pour un T2 standard du quartier.

Votre logement coche plusieurs cases positives : bon étage, ascenseur, rénovation récente, extérieur, transport à proximité. Vous décidez de vous positionner légèrement au-dessus de la moyenne : par exemple 14 €/m².

Calcul :

  • Loyer mensuel hors charges = 37 m² x 14 €/m² = 518 € (que vous pouvez arrondir à 520 €)

Vous obtenez ainsi un loyer cohérent avec le marché, adapté à votre bien, et facile à justifier :

  • « La moyenne du quartier est à 13,5 €/m² pour ce type de logement »
  • « Votre appartement est refait à neuf, avec balcon, au 2ᵉ avec ascenseur, ce qui explique l’ajustement »

Si vous souhaitez affiner davantage, vous pouvez aussi ventiler mentalement le prix :

  • Par exemple : 13,5 €/m² pour le logement de base + un « bonus » global de 15 à 25 € pour le balcon, parking, prestations, etc.

L’important est de garder un raisonnement structuré, que vous pourrez expliquer sans peine à un locataire exigeant… ou à un banquier curieux.

Loyers de marché vs. plafonds légaux : ce que vous ne pouvez pas ignorer

Fixer un loyer au m² ne consiste pas seulement à regarder le marché. Il faut aussi respecter le cadre légal, qui se durcit dans certaines zones et certains dispositifs.

Trois cas principaux à vérifier :

  • Les zones tendues avec encadrement des loyers : dans des villes comme Paris, Lille, Lyon, Bordeaux (et d’autres qui se rajoutent au fil du temps), un loyer de référence au m² est fixé par arrêté. Vous ne pouvez pas le dépasser de plus de 20 % (hors compléments de loyer très encadrés).
  • Les dispositifs fiscaux type Pinel, Pinel+ : si votre bien est dans un programme défiscalisé, vous êtes soumis à un plafond de loyer au m², parfois modulé par un coefficient multiplicateur selon la surface.
  • Les logements énergivores : les logements classés F et G voient leur capacité à augmenter les loyers fortement limitée, voire interdite, selon les cas et le calendrier.

Avant de figer votre prix, demandez-vous :

  • Mon bien est-il situé en zone tendue ou en zone avec encadrement des loyers ?
  • Suis-je soumis à un dispositif fiscal spécifique avec un plafond de loyer au m² ?
  • Quelle est la classe énergétique de mon logement et quelles conséquences sur la révision ou l’augmentation du loyer ?

Un propriétaire m’avait un jour confié un bien en Pinel qu’il louait bien en dessous du plafond, persuadé d’être « dans les règles ». Il l’était, certes, mais il perdait près de 80 € par mois de rentabilité simplement par ignorance du plafond légal autorisé. L’outil est à double tranchant : il peut vous limiter… ou vous protéger d’une sous-évaluation injustifiée.

Rentabilité : comment vérifier que votre loyer au m² est cohérent avec votre investissement

Un loyer “dans le marché”, c’est bien. Un loyer “dans le marché et rentable”, c’est mieux. Une fois votre loyer global estimé, il est utile de jeter un œil à la rentabilité brute.

La formule est simple :

  • Rentabilité brute = (Loyer annuel hors charges / Prix d’achat total) x 100

Le prix d’achat total inclut idéalement :

  • Prix d’acquisition
  • Frais de notaire
  • Éventuels travaux de remise en état initiale

Exemple :

  • Prix d’achat + frais + travaux : 120 000 €
  • Loyer fixé : 520 € hors charges
  • Loyer annuel : 520 x 12 = 6 240 €
  • Rentabilité brute = 6 240 / 120 000 x 100 ≈ 5,2 %

Ce chiffre ne tient pas compte des charges, de la vacance, de la fiscalité, mais il vous donne déjà une base pour juger si votre loyer est cohérent avec votre stratégie : placement patrimonial, rendement, préparation de la retraite, etc.

Si vous tombez sur une rentabilité très faible (par exemple 2 à 3 %), deux possibilités :

  • Le marché ne permet pas de louer beaucoup plus cher au m², il faudra donc accepter une rentabilité modérée.
  • Vous êtes encore trop timide sur le loyer par rapport à la réalité locale, et une réévaluation est justifiée.

L’art de l’ajustement : tester, observer, corriger

Le marché locatif, comme tout marché, bouge. Une estimation de loyer n’est pas gravée dans le marbre. Même avec une méthode rigoureuse, la meilleure validation reste le terrain.

Quelques signaux utiles :

  • Peu de contacts, peu de visites après plusieurs semaines : loyer probablement trop élevé par rapport au marché, à l’état du bien ou aux photos/annonce.
  • Beaucoup de demandes et douches froides lors de la visite (tout le monde trouve le bien sympa mais n’ose pas déposer de dossier) : peut-être un écart entre les attentes créées par l’annonce et le loyer demandé.
  • Très forte demande, plusieurs bons dossiers en quelques jours : soit vous avez un bien réellement très attractif, soit vous êtes un peu sous le marché.

Rien ne vous empêche d’ajuster légèrement :

  • A la baisse, pour éviter une vacance locative prolongée qui coûte très vite plus cher qu’un ajustement de 20 ou 30 € par mois.
  • A la hausse, lors d’une relocation, si vous constatez que la demande est largement supérieure à l’offre sur votre segment et que votre bien se démarque.

En pratique, beaucoup de propriétaires trouvent progressivement leur « vitesse de croisière » : un loyer au m² ni bradé, ni déconnecté du marché, qui permet de louer dans des délais raisonnables à un public sérieux.

Un dernier mot pour garder le bon équilibre

Fixer un loyer au m² juste et rentable, c’est un peu comme régler la température d’un chauffage : trop bas, vous aurez froid à vos rendements ; trop haut, l’ambiance devient vite irrespirable pour les locataires… et pour votre taux d’occupation.

En résumé :

  • Appuyez-vous sur la surface habitable réelle, sans surestimer.
  • Repérez le loyer moyen au m² de votre quartier pour un bien comparable.
  • Ajustez selon les atouts et faiblesses de votre logement (état, étage, DPE, extérieur, transports).
  • Vérifiez toujours les plafonds légaux éventuellement applicables.
  • Prenez un instant pour regarder la rentabilité de votre investissement.
  • N’hésitez pas à tester et adapter en fonction du retour du terrain.

Avec cette méthode, vous ne fixez plus un loyer « au feeling », mais sur une base chiffrée, argumentée et alignée sur le marché. Et c’est souvent ce qui fait la différence entre un investissement qui ronronne tranquillement… et un bien qui reste trop longtemps à la recherche de son locataire idéal.

Sebastien

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