Toulouse, c’est un peu la ville qui réussit tout ce qu’elle entreprend : économie dynamique, démographie galopante, qualité de vie très recherchée… et forcément, un marché locatif qui attire les investisseurs de toute la France. Mais comme toujours en immobilier, le diable se cache dans les détails : tous les quartiers ne se valent pas, les prix au m² varient fortement, et les rentabilités ne sont pas les mêmes selon que vous visez un studio étudiant ou un T3 familial.
Dans cet article, je vous propose un tour d’horizon très concret du marché toulousain pour un investissement locatif : quartiers porteurs, prix constatés, niveaux de loyers et rentabilités réalistes, avec quelques conseils issus du terrain pour éviter les fausses bonnes affaires.
Pourquoi Toulouse est-elle si attractive pour un investissement locatif ?
Avant de parler chiffres, il faut comprendre le décor. Un investissement locatif, ce n’est pas uniquement un rendement brut sur Excel ; c’est d’abord un pari sur une ville et son dynamisme. Et de ce côté-là, Toulouse coche beaucoup de cases.
Quelques fondamentaux qui soutiennent le marché :
- Une démographie en croissance : Toulouse fait partie des villes qui gagnent le plus d’habitants en France. Chaque année, ce sont de nouveaux ménages, étudiants, jeunes actifs, cadres, qui cherchent un logement.
- Un bassin d’emploi solide : Airbus, l’aéronautique, le spatial, l’ingénierie, la santé… L’économie locale est portée par des secteurs à haute valeur ajoutée. Cela se traduit par des salaires corrects et une clientèle locative solvable.
- Une ville étudiante majeure : universités, écoles d’ingénieurs, écoles de commerce… La demande en petites surfaces est structurelle, notamment proche des pôles universitaires et des transports.
- Une qualité de vie attractive : climat, patrimoine, culture, proximité des Pyrénées et de la Méditerranée… Les locataires s’installent et restent, ce qui limite la vacance.
Résultat : la tension locative est réelle, surtout dans certains quartiers stratégiques, ce qui sécurise le remplissage des biens et permet de maintenir des loyers corrects… à condition d’acheter au bon prix.
Prix au m² à Toulouse : où se situe le marché ?
Les prix évoluent sans cesse, mais on peut dégager des grandes tendances observées récemment sur Toulouse intra-muros. Il ne s’agit pas d’un baromètre figé, plutôt d’une fourchette réaliste pour se repérer.
Sur le marché de l’ancien, on retrouve approximativement :
- Hypercentre (Capitole, Carmes, Saint-Étienne) : souvent entre 4 500 et 6 000 €/m² pour les biens de qualité, parfois plus sur les emplacements premium ou les immeubles de caractère.
- Quartiers centraux recherchés (Saint-Cyprien, Compans-Caffarelli, Chalets, Busca) : autour de 4 000 à 5 000 €/m² selon l’état, l’étage, la présence d’extérieur, etc.
- Quartiers en mutation ou résidentiels prisés (Minimes, Barrière de Paris, Croix-Daurade, Jolimont, Roseraie, Borderouge) : environ 3 200 à 4 200 €/m².
- Quartiers plus populaires ou excentrés : entre 2 500 et 3 500 €/m², avec de fortes disparités rue par rue.
Les programmes neufs, eux, se positionnent logiquement plus haut (frais de construction, normes environnementales, etc.), souvent entre 4 500 et 6 000 €/m² selon le quartier, avec l’avantage fiscal potentiel (Pinel +) mais des loyers plafonnés.
Ce qu’il faut garder en tête : à Toulouse, le prix au m² est déjà conséquent dans les zones les plus centrales. La clé de la rentabilité n’est donc pas uniquement l’adresse, mais le couple prix d’achat / niveau de loyer / fiscalité.
Niveaux de loyers et rentabilités brutes : des repères concrets
La rentabilité brute (loyer annuel / prix d’achat frais inclus) est un bon premier indicateur, même s’il ne dit pas tout (fiscalité, charges, vacance, travaux…). À Toulouse, sur un investissement bien ciblé, on se situe globalement dans ces eaux-là :
- Studios et T1 en centre-ville ou près des facs : loyers souvent autour de 18 à 22 €/m² selon l’emplacement et la qualité du bien. Rentabilités brutes fréquentes de 4 à 6 % si l’achat a été négocié intelligemment.
- T2/T3 pour jeunes actifs ou couples : loyers plutôt entre 13 et 17 €/m². Rentabilités brutes autour de 3,5 à 5 %, selon le quartier.
- Colocation dans quartiers bien desservis : en louant “à la chambre”, il n’est pas rare de dépasser les 5,5 à 6,5 % bruts, voire plus si le bien est optimisé (surface, aménagement, localisation proche transports/universités).
Évidemment, on n’obtiendra pas la même rentabilité en achetant un T2 haut de gamme aux Carmes qu’un T3 à optimiser en colocation à Borderouge. L’idée est donc d’aligner vos objectifs (patrimoine, cash-flow, défiscalisation) avec le quartier visé.
Hypercentre, Carmes, Saint-Étienne : le patrimoine avant la rentabilité
Investir dans le cœur historique de Toulouse, c’est un peu comme acheter une pièce de collection. On y trouve :
- Des immeubles anciens, plafonds hauts, briques toulousaines, charme indéniable.
- Une demande locative forte, notamment chez les cadres, les professions libérales, les étudiants aisés.
- Une vacance très faible sur les biens bien présentés et bien gérés.
En contrepartie :
- Prix au m² élevés, parfois difficiles à rentabiliser sur du pur locatif classique.
- Travaux fréquents (copropriétés anciennes, ravalements, mises aux normes possibles).
- Impossibilité ou difficulté de stationnement, ce qui limite un peu la clientèle pour les grands logements.
Ce secteur est idéal si votre priorité est la valorisation patrimoniale à long terme. Pour la rentabilité, il faudra viser :
- Des petites superficies (T1/T2) bien optimisées, plutôt en meublé.
- Une décoration qualitative permettant de viser le haut de la fourchette de loyers.
- Le régime LMNP au réel pour amortir le bien et alléger la fiscalité.
Anecdote de terrain : les investisseurs qui s’en sortent le mieux dans l’hypercentre sont souvent ceux qui savent repérer un bien un peu “boudé” (dernier étage sans ascenseur, travaux, distribution à revoir) et le transformer en produit coup de cœur pour les locataires.
Saint-Cyprien, Patte-d’Oie, Compans : l’équilibre entre emplacement et rendement
Sur la rive gauche, Saint-Cyprien et Patte-d’Oie ont largement gagné en popularité. Mélange de vie de quartier, accès rapide au centre, et proximité des hôpitaux et pôles universitaires, ces secteurs offrent un excellent compromis.
On y retrouve :
- Des prix un peu plus accessibles que dans le triangle hypercentre/Carmes/Esquirol.
- Une demande locative variée : étudiants en médecine, infirmiers, jeunes actifs, familles.
- Des transports en commun efficaces (métro, tram, bus), très appréciés des locataires.
Côté chiffres, on observe fréquemment :
- Des T1/T2 autour de 3 800 à 4 500 €/m².
- Des loyers autour de 16 à 19 €/m² pour les petites surfaces bien placées et bien présentées.
- Des rentabilités brutes de 4 à 5,5 % sur des biens bien achetés et correctement valorisés.
Compans-Caffarelli, avec sa proximité des écoles de commerce et de certains pôles d’affaires, est aussi intéressant pour :
- De la colocation étudiante ou de jeunes actifs.
- Des locations meublées “prêtes à vivre”.
Si vous cherchez un compromis entre liquidité du bien, valorisation et rentabilité correcte, ces quartiers méritent clairement un repérage approfondi.
Minimes, Barrière de Paris, Croix-Daurade, Borderouge : le terrain de jeu des investisseurs
En s’éloignant légèrement du centre tout en restant bien desservi, on trouve quelques secteurs qui intéressent de plus en plus les investisseurs : Minimes, Barrière de Paris, Croix-Daurade, Borderouge.
Leur point commun :
- Des prix d’achat plus raisonnables, tout en conservant une bonne demande locative.
- La présence de métro ou lignes de bus structurantes qui amènent rapidement au centre.
- Des populations mixtes : familles, étudiants, jeunes actifs.
On y trouve souvent :
- Des T2/T3 entre 3 000 et 4 000 €/m², voire un peu moins sur des biens à rafraîchir.
- Des loyers autour de 12 à 16 €/m² selon la surface, l’état et la proximité des transports.
- Des rentabilités brutes fréquemment comprises entre 4,5 et 6 %, notamment si vous optimisez le bien (meublé, colocation, bonne gestion des charges).
Pour un premier investissement, ces quartiers sont souvent une bonne porte d’entrée :
- Tickets d’entrée plus abordables.
- Possibilité de créer de la valeur (travaux, redistribution des pièces, ameublement qualitatif).
- Moins de pression concurrentielle que dans l’hypercentre sur les produits à rénover.
Un point à surveiller : la qualité de la copropriété et le voisinage immédiat. À Toulouse comme ailleurs, on peut changer une cuisine, une salle de bains, mais pas un environnement bruyant ou une rue mal fréquentée.
Rangueil, Universités, Montaudran : le royaume des petites surfaces et de la colocation
Avec ses facultés, écoles d’ingénieurs et laboratoires, le secteur de Rangueil et ses environs est l’un des terrains privilégiés pour l’investissement locatif orienté “étudiants / jeunes actifs”.
Ce qui en fait un secteur stratégique :
- Une demande constante en studios, T1, T2.
- La possibilité de mettre en place des colocations dans des T3/T4 bien configurés.
- Des loyers parfois supérieurs au reste de la ville à surface équivalente, du fait de la proximité des campus.
Sur ces zones, on rencontre souvent :
- Des prix entre 2 800 et 3 800 €/m² selon l’année de construction, l’état et la distance aux transports.
- Des loyers qui permettent d’atteindre 5 à 7 % de rentabilité brute sur des biens bien ciblés, surtout en colocation meublée.
Montaudran, avec sa dynamique liée à l’aéronautique et aux projets urbains récents, attire aussi de plus en plus les investisseurs en quête de valorisation future et de clientèle “ingénieurs / cadres” en mobilité professionnelle.
Ancien ou neuf à Toulouse : que choisir pour investir ?
On me pose souvent la question : “Sébastien, mieux vaut acheter dans l’ancien ou dans le neuf à Toulouse ?” La vraie réponse, c’est : ça dépend de votre profil et de vos priorités.
Dans l’ancien, vous gagnez :
- Un prix au m² souvent plus bas que le neuf, surtout si des travaux sont à prévoir.
- La possibilité de créer de la valeur avec une rénovation intelligente.
- Une meilleure rentabilité brute potentielle, notamment dans les quartiers en mutation.
En contrepartie, vous devez :
- Gérer des travaux (et donc des artisans, des délais, un budget).
- Surveiller la copropriété (charges, travaux votés ou à venir).
Dans le neuf (via Pinel+ par exemple), vous gagnez :
- Une fiscalité avantageuse (réduction d’impôt sous conditions).
- Un bien aux normes, avec peu de travaux à prévoir à court terme.
- Une gestion facilitée au démarrage (moins de risques de gros imprévus techniques).
Mais vous devez accepter :
- Un prix au m² plus élevé.
- Des plafonds de loyers qui limitent la rentabilité pure.
À Toulouse, ceux qui cherchent une rentabilité élevée et qui ne sont pas effrayés par les travaux iront plus facilement vers l’ancien, tandis que ceux qui privilégient le confort de gestion et l’avantage fiscal regarderont les programmes neufs dans des quartiers prometteurs (avec une vraie demande locative, pas seulement une perspective de défiscalisation).
Quels types de locations privilégier à Toulouse ?
Votre stratégie locative impacte autant la rentabilité que le choix du quartier. À Toulouse, plusieurs options sont particulièrement pertinentes :
- Location meublée “classique” : idéale pour les studios, T1, T2 proches du centre ou des universités. Elle permet souvent un loyer plus élevé qu’en nu, avec le régime LMNP au réel pour optimiser la fiscalité.
- Colocation meublée : adaptée aux T3/T4 situés près des transports et des facs (Rangueil, Compans, certains secteurs des Minimes, etc.). Très intéressante pour booster la rentabilité, à condition d’être rigoureux sur la gestion.
- Location nue à long terme : plutôt pour des T3/T4 familiaux dans des quartiers résidentiels (Croix-Daurade, certains secteurs de Borderouge, etc.). On vise ici la stabilité, parfois au détriment d’un point de rentabilité brute.
La location courte durée existe évidemment à Toulouse, mais elle est encadrée et nécessite une analyse fine (règlementation, autorisations, concurrence, taux d’occupation). Pour un premier investissement, je recommande souvent de commencer par un schéma plus classique, plus lisible et plus facile à financer auprès des banques.
Quelques erreurs fréquentes à éviter sur le marché toulousain
Pour terminer, quelques pièges que je vois régulièrement chez les investisseurs, même expérimentés :
- Sous-estimer le bruit et les nuisances : un bar sous les fenêtres, une rue de sortie de boîte ou un axe très passant peuvent plomber l’attractivité du bien, même dans un bon quartier.
- Surpayer l’hypercentre par “coup de cœur” : un appartement magnifique mais payé 15 à 20 % trop cher sera difficile à rentabiliser, même avec un bon loyer. Le charme ne remplace pas la calculette.
- Ignorer les futurs projets urbains : un futur métro, une ligne de bus en site propre, un projet de réaménagement peuvent transformer un quartier, en bien… comme en mal. Il faut se renseigner en amont.
- Surestimer les loyers : annoncer 20 €/m² partout sous prétexte que “c’est Toulouse” est le meilleur moyen de générer de la vacance. Il faut rester collé au marché réel, quartier par quartier.
- Oublier la fiscalité : deux biens avec la même rentabilité brute peuvent avoir une rentabilité nette totalement différente selon le régime fiscal choisi (LMNP réel, micro, nue…).
Un investissement locatif à Toulouse peut devenir un excellent pilier de votre patrimoine, à condition d’aborder la ville comme un ensemble de micro-marchés : les Carmes ne réagissent pas comme Rangueil, Saint-Cyprien ne se comporte pas comme Borderouge.
Avant d’acheter, posez-vous quelques questions simples : à qui vais-je louer, à quel prix réaliste, avec quelle fiscalité, et que deviendra ce quartier dans 10 ans ? Les réponses à ces questions valent souvent bien plus cher qu’un point de rentabilité brute affiché sur une annonce.
